Pensez à vous connecter pour un accès à toutes les ressources et fonctionnalités.
Créez votre panier, organisez vos documents en listes et retrouvez-les lors de votre prochaine connexion.
7 - Est-il préférable d’utiliser des matériaux dits « naturels » ?
Une première idée qui peut vous venir à l’esprit si vous souhaitez limiter l’impact environnemental de votre création est d’utiliser des matériaux dits “naturels”, “biosourcés” voire “biodégradables”.
Un matériau n’est pas “éco-responsable” en soi : il doit être évalué à l’aune de ses qualités vis-à-vis d’un contexte.
7 - Est-il préférable d’utiliser des matériaux dits « naturels » ?
Une première idée qui peut vous venir à l’esprit si vous souhaitez limiter l’impact environnemental de votre création est d’utiliser des matériaux dits “naturels”, “biosourcés” voire “biodégradables”.
Un matériau n’est pas “éco-responsable” en soi : il doit être évalué à l’aune de ses qualités vis-à-vis d’un contexte.
Il est vrai qu’en règle générale écarter les matériaux issus de la pétrochimie permet d’éviter un certain nombre d’impacts environnementaux, car on évite ainsi d’extraire des ressources naturelles non renouvelables. Mais y substituer des matériaux dits naturels peut sur certains plans aboutir à un résultat de qualité moindre (par exemple, un matériau biodégradable peut être moins résistant).
Par ailleurs, comme peuvent en témoigner les responsables d’atelier du Festival d’Aix-en-Provence, qui ont essayé de substituer au polystyrène certains dérivés du bois pour construire leurs scénographies d’opéra, certains matériaux dits naturels ont un impact très important sur la santé : les poussières de bois sont ainsi très irritantes pour les voies respiratoires.
Enfin, certains matériaux qui jouissent d’une image positive dans les imaginaires collectifs (le papier, le carton, le coton bio) ont en réalité d’importants impacts environnementaux (un mode de production qui mobilise beaucoup d’eau, génère des émissions polluantes, du transport). Les raisonnements liés à la dimension symbolique des matériaux peuvent mener à des confusions lorsqu’il s’agit de faire des choix pratiques. L’empreinte carbone de l’utilisation d’un bois exotique acheté neuf peut être supérieur à celle d’une résine synthétique. A noter cependant : la symbolique des matériaux est une dimension parfois essentielle à prendre en compte dans la dramaturgie d’un projet.
On le voit, comme dans toute démarche d’éco-conception, la substitution d’un matériau à un autre n’est pas l’unique et absolue solution, il faut envisager l’ensemble des échelles et des finalités. Cette réflexion élargie sur l’échelle du temps et des niveaux d’analyse permet d’éviter les transferts d'impacts potentiels, à savoir le fait qu’une diminution de l’impact environnemental à une étape du cycle de vie implique des effets négatifs sur une autre étape du cycle de vie.
D’autres principes d’éco-conception peuvent s’avérer moins coûteux et plus efficaces que le remplacement d’un matériau par un autre. Par exemple, un des principes clé de l’éco-conception est en effet le principe de “réduction”. En d’autres termes, la meilleure matière est celle qu’on ne fabrique ou n’extrait pas. Ainsi, plutôt que d’utiliser des matériaux naturels, il est en général beaucoup plus efficace, sur le plan environnemental :
- de réutiliser de la matière déjà disponible
- d’augmenter la durée de vie de l’objet
- de concevoir des objets réparables
- de développer un produit qui réponde le plus justement possible au besoin
En conclusion, et à nouveau, il faut sortir de la seule entrée par “le matériau" et ne pas réduire même celle-ci à la question de sa composition. Mieux vaut se demander plus globalement : où et comment il est produit, comment je me le procure, comment je l'utilise, combien de temps il peut durer, et surtout pour quel projet artistique !
Ainsi, il sera souvent plus pertinent d’utiliser de la mousse à matelas récupérée chez un tapissier à côté de chez soi que de construire une marionnette en papier neuf.
Des outils conçus par des ingénieur·e·s permettent de se défaire de certains de ces préjugés liés à la “symbolique” des matières plus qu’au réel impact de leur utilisation : voir par exemple l’outil en ligne Ecodesign Pilot ou encore, ci-dessous, l’outil qu’est la “Roue de Brezet”.
Cet outil permet d’explorer différentes stratégies pour l’éco-conception sur les différentes étapes du cycle de vie. Il peut être utilisé comme outil d’évaluation d’un objet existant (on évalue la qualité perçue du produit sur chacun des axes) ou comme outil de créativité pour la recherche de solutions nouvelles à moindre impact environnemental.