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Origines étymologiques
En France, nous employons le terme générique de "marionnettes" pour désigner un ensemble d'objets et de spectacles que d'autres langues qualifient au moyen de termes divers. En réalité, les mots utilisés en Europe dérivent principalement de deux origines.
Origines étymologiques
En France, nous employons le terme générique de "marionnettes" pour désigner un ensemble d'objets et de spectacles que d'autres langues qualifient au moyen de termes divers. En réalité, les mots utilisés en Europe dérivent principalement de deux origines.
La première est le mot latin pupa, qui signifie "petite fille". On le retrouve en Italie avec pupi, en Angleterre avec puppet, en Allemagne avec puppe. Ces mots insistent sur la dimension ludique et sur la petite taille de l'objet, qui lui donne l'apparence d'un enfant. La même logique a donné naissance au mot fantaccio, également utilisé par les Italiens pour désigner des marionnettes, à partir de fante, jeune garçon.
La seconde racine est le prénom féminin Marie et son diminutif Marion. En France, à la fin du Moyen Age, les mots marotte, mariotte, mariole et marionnette sont utilisés pour évoquer toutes sortes d'effigies de la Vierge : pièces de monnaie, images, statuettes. A la Renaissance, marionnette a déjà le sens profane qu'on lui connaît aujourd'hui : "petite figure d'homme ou de femme qu'on fait mouvoir par des fils, des ressorts ou avec la main", et lorsqu'il est employé au pluriel, il s'agit de l'"endroit où l'on fait jouer les marionnettes", ou du "jeu de marionnettes". Le terme est aujourd'hui repris par l'espagnol (marioneta), l'italien (marionetta), l'allemand (Marionette) et l'anglais (marionette), pour désigner les marionnettes à fils.
Dans l'un comme dans l'autre de ces champs étymologiques, les mots qu'utilisent les langues européennes évoquent des effigies de petites tailles et de forme humanoïde. Mais l'existence de ces deux champs révèle déjà la dualité des origines et des usages de la marionnette : le jeu profane d'une part, la représentation sacrée d'autre part, qui au fil de l'histoire n'auront de cesse de s'entremêler.
Ces mots cohabitent avec des termes qui insistent sur d'autres aspects des marionnettes. En les nommant de préférence titeres, d'origine onomatopéique, la langue espagnole insiste sur la dimension sonore du spectacle. D'autres langues utilisent le nom du matériau dans lequel elles sont fabriquées : c'est le cas du thaï avec nang yaï, qui signifie "grands cuirs", ou de l'italien avec burattino, issu du bas latin burra, étoffe grossière.
D'autres enfin, désignent les marionnettes du nom du personnage le plus célèbre de la tradition : Guignol en France, Karagöz en Turquie, Roberto au Portugal ou encore Petrouchka en Russie sont devenus des nom communs désignant des marionnettes. Au Japon, la belle Jôruri, l'une des premières héroïnes des spectacles de marionnettes profanes, a laissé son nom au livret et au spectacle : nyngyô jôruri, qui signifie littéralement "poupée Jôruri", est le premier nom de la forme aujourd'hui appelée bunraku.
Raphaèle Fleury
Mise à jour pour le PAM : 17/11/2021,
A partir de la version originale commandée par Gadagne musées pour le catalogue du Musée des marionnettes du monde en 2010.