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Moyen Age : usage sacré de la marionnette
Le Moyen Age est une période qui a laissé très peu de traces en ce qui concerne les spectacles de marionnettes. Les quelques représentations que nous en avons viennent principalement d'enluminures de manuscrits de l'époque. Nous nous concentrons ici sur ce que nous connaissons des marionnettes en France.
Moyen Age : usage sacré de la marionnette
Le Moyen Age est une période qui a laissé très peu de traces en ce qui concerne les spectacles de marionnettes. Les quelques représentations que nous en avons viennent principalement d'enluminures de manuscrits de l'époque. Nous nous concentrons ici sur ce que nous connaissons des marionnettes en France.
Le Moyen Age s'empare des marionnettes pour représenter dans les églises des scènes de l'Evangile (la Nativité, le Massacre des Innocents, la Passion et la Résurrection en particulier), ou des vies de saints tirées de la Légende dorée de Jacques de Voragine. Les marionnettes sont utilisées pour éviter la représentation de ces scènes religieuses par des acteurs en chair et en os, voire par des prêtres. Ces spectacles sont notamment joués lors des fêtes religieuses, lors desquelles les autres formes de jeu sont généralement interdites. Ils sont souvent entrecoupés d'épisodes dansés, et ils font appel à des effets spectaculaires pour représenter les apothéoses[1], les apparitions et disparitions de démons, etc. La dimension populaire et spectaculaire des marionnettes permettait à l'Eglise de transmettre un message religieux à des spectateurs analphabètes, qui n'avaient pas un accès direct aux textes sacrés.

Jehan de Grise, vers 1430 © Domaine public
Cependant, le potentiel comique des mystères est accentué lorsque ceux-ci sont représentés avec des marionnettes. L'introduction de personnages et de scènes comiques, notamment lors des représentations de l'Enfer, est rapidement condamnée. En effet, la désacralisation des histoires et des personnages incite plus à la moquerie qu'à la dévotion, même si l'objectif premier n'est pas nécessairement de les parodier ; "l'intention parodique n'est pas forcément nécessaire à l'émergence de la parodie, dans la mesure où la réception peut rendre parodique une pièce qui n'avait pas cette visée au départ"[2]. Les marionnettes se voient refoulées hors des églises, sur les parvis et dans les rues ; dès lors, leur représentation se sécularise, elle ne relève plus du rituel.
Les marionnettes conservent néanmoins jusqu'au début du XXe siècle un répertoire où les légendes chrétiennes occupent une large part, même si elles subissent de grandes transformations, sous la double influence de la fantaisie des montreurs et du goût du public.

Raphaèle Fleury
Mise à jour pour le PAM : 22/06/2022
A partir de la version originale commandée par Gadagne musées pour le catalogue du Musée des marionnettes du monde en 2010.
Notes :
- Apothéose = ascension et glorification posthume des saints. Dans les scènes d'apothéose, on voit ces derniers monter au ciel.
- BEAUCHAMP, Hélène, "Du mystère pour marionnettes à la marionnettisation du mystère au début du XXe siècle" dans DUCREY, Anne, VICTOROFF, Tatiana (dir.), Renaissances du Mystère en Europe, fin XIXe siècle - début XXIe siècle, Strasbourg : Presses universitaires de Strasbourg, 2019.