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Un problème d’ombre portée
Dominique Houdart - Jeanne Heuclin (France)
© Compagnie Houdart-Heuclin, photographie : Brigitte
Pougeoise
Selon Dominique Houdart, Tancrède et Clorinde en otome–bunraku évoque « un problème d’ombre portée » (9) : interrogation double, esthétique et métaphysique. La marionnette comprise comme ombre portée ne serait par conséquent que la projection tridimensionnelle du marionnettiste sur la scène. A un premier niveau, l’ombre portée représentée accentue la notion de réalité, soit l’illusion de la profondeur, l’illusion du mouvement, l’illusion de la vie : cette hypothèse considère les marionnettistes comme seuls protagonistes du spectacle : ils sont donc les guerriers en lutte. Ici, particulièrement, la marionnette est en position de double par rapport au manipulateur. Ombre d’abord, elle devient nécessaire, au moment magique où elle se met à porter l’homme ; où, devenant portante, elle acquiert un degré supérieur de réalité, sans faire oublier son porteur ombré. (10)
Dans un second temps, l’ombre portée inverse le rapport de dépendance qu’elle entretient avec le réel, soit le manipulateur : elle ne dépend plus de lui, lui seul dépend d’elle. La marionnette apparaît : suprématie de l’image sur la vie, de la calligraphie sur la main du calligraphe. La victoire de la marionnette sur le marionnettiste montre métaphoriquement la victoire momentanée du paraître sur l’être. Dans sa mise en scène, Dominique Houdart est sensible à la dimension symbolique de l’ombre portée : elle met en débat dans un duel d’invaincus, la marionnette et son manipulateur, la lumière et l’ombre, le matériel et l’immatériel, la réalité et l’image.
L’apport du bunraku augmente la magie de la scène. Sous cette influence, tous ces facteurs conjugués, texte, musique, voix, marionnettes et manipulation, donnent au spectateur l’impression d’assister à « une cérémonie sacrée » (11) ou « cérémonie insolite » (12), « au récit tragique d’un combat d’amour ritualisé » (13).
9. Dominique HOUDART, Programme du spectacle Le Combat de Tancrède et Clorinde
11. M., D., « Le combat de Tancrède et Clorinde », La Croix L’Evénement, 2 avril 1985
12. Pierre FAVRE, « Cérémonie insolite à Valençay, Monteverdi marié à la marionnette », Nouvelle du Centre Orient, 10 août 1984
Un problème d’ombre portée
Dominique Houdart - Jeanne Heuclin (France)
© Compagnie Houdart-Heuclin, photographie : Brigitte
Pougeoise
Selon Dominique Houdart, Tancrède et Clorinde en otome–bunraku évoque « un problème d’ombre portée » (9) : interrogation double, esthétique et métaphysique. La marionnette comprise comme ombre portée ne serait par conséquent que la projection tridimensionnelle du marionnettiste sur la scène. A un premier niveau, l’ombre portée représentée accentue la notion de réalité, soit l’illusion de la profondeur, l’illusion du mouvement, l’illusion de la vie : cette hypothèse considère les marionnettistes comme seuls protagonistes du spectacle : ils sont donc les guerriers en lutte. Ici, particulièrement, la marionnette est en position de double par rapport au manipulateur. Ombre d’abord, elle devient nécessaire, au moment magique où elle se met à porter l’homme ; où, devenant portante, elle acquiert un degré supérieur de réalité, sans faire oublier son porteur ombré. (10)
Dans un second temps, l’ombre portée inverse le rapport de dépendance qu’elle entretient avec le réel, soit le manipulateur : elle ne dépend plus de lui, lui seul dépend d’elle. La marionnette apparaît : suprématie de l’image sur la vie, de la calligraphie sur la main du calligraphe. La victoire de la marionnette sur le marionnettiste montre métaphoriquement la victoire momentanée du paraître sur l’être. Dans sa mise en scène, Dominique Houdart est sensible à la dimension symbolique de l’ombre portée : elle met en débat dans un duel d’invaincus, la marionnette et son manipulateur, la lumière et l’ombre, le matériel et l’immatériel, la réalité et l’image.
L’apport du bunraku augmente la magie de la scène. Sous cette influence, tous ces facteurs conjugués, texte, musique, voix, marionnettes et manipulation, donnent au spectateur l’impression d’assister à « une cérémonie sacrée » (11) ou « cérémonie insolite » (12), « au récit tragique d’un combat d’amour ritualisé » (13).
9. Dominique HOUDART, Programme du spectacle Le Combat de Tancrède et Clorinde
11. M., D., « Le combat de Tancrède et Clorinde », La Croix L’Evénement, 2 avril 1985
12. Pierre FAVRE, « Cérémonie insolite à Valençay, Monteverdi marié à la marionnette », Nouvelle du Centre Orient, 10 août 1984