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Genèse
- Date : Le/en 1990 (créé en 1990)
- Précisions sur la distribution : Co-production : C.A.C. du Niort
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Résumé :
Echoué en plein désert, un journaliste d'aventure se rend compte qu'il tient là le plus beau scoop de sa vie : sa survie, et plus encore : sa mort. Terrassé par la révélation, ne sachant s'il délire ou s'il touche du doigt une autre réalité ; d'étranges événements adviennent, des personnages bibliques surgissent ; il remonte jusqu'à la source de son enfance, et meurt. Dans un coin du monde, sur un périmètre de sables et de dunes, un homme gesticule dans la lumière bleutée du matin : il essaie de retenir sa tente qu'une tempête effroyable menace de lui ravir. Un vent de sable, qui ne cessera de souffler durant tout le spectacle, a commencé son travail de dépossession, de dénuement. Ensablée elle aussi, une forme ronde et opulente gît au milieu du plateau : c'est elle, la voiture de l'homme, sa compagne de toujours. Il la découvre doucement. Tandis que le jour se lève, elle apparaît, rutilante et intacte. Mais plantée là, les roues et les pare-chocs enfoncés dans le fech-fech. Un homme, le désert, une voiture. Les protagonistes sont en place. Pendant tout le spectacle, un lézard, présence minérale et millénaire, observe ; il deviendra le complice du héros. Un incident dérisoire, un grain de sable dans la belle mécanique de ce baroudeur confirmé : un moment d'inattention, il y a trois jours, l'a précipité au fond de ces dunes. Au début du spectacle, il entame sa quatrième journée. Il ne sait pas encore que c'est la dernière... Pour le moment, tout va bien. Mais le désert le guette. Comme des craquements de dune, des fractures lézardent le quotidien bien huilé dans lequel l'aventurier s'était installé depuis trois jours : à l'aube, tente, cartes et boussole sont partis, emportés par le vent. Sa voiture lui sert bien son café, mais rempli de sable. Pour la première fois, il rate ses exercices de nunchaku. Ses réserves d'eau s'épuisent. Tenace, il s'installe comme tous les matins devant sa machine à écrire pour rédiger un de ses articles : reporter-journaliste en mission pour un grand magazine occidental, Charlie Schweitzer est un marchand d'aventures et de rêves pour un public en mal de frissons et de voyages en procuration. Enfin seul face à lui-même et devant la plus grande page blanche que représente le désert, il va pouvoir écrire l'histoire. Mais que se passe-t-il ce matin ? Ses mots le trahissent. Son style s'effrite. Le soleil est monté très vite dans le ciel, il fait maintenant très chaud et sa propre voiture commence à lui jouer des tours. Elle ouvre d'elle-même son coffre, puis son capot, allume ses phares, ses clignotants. Serait-elle habitée par les génies du désert ? Folie ? Mirage ? Elle lui fait un vrai numéro de clown. Et le moteur, résolument silencieux depuis trois jours, démarre. Voici qu'en plein midi, au beau milieu du désert, le journaliste se laisse aller à la bouffonnerie et à la colère vengeresse. Dans sa frénésie, il fait hurler le moteur, croit reculer mais s'enfonce. La voiture se rebelle, vocifère des insultes. Des pièces détachées sautent. Affolé, Charlie Schweitzer quitte le monstre. La bête éructe, vomit ses humeurs, agonise et expire dans une dernière explosion au nez du chauffeur médusé. Charlie, avec un rire cynique, achève à coups de pistolet sa belle et très chère voiture décapotable. À la radio de bord, la voix d'un confrère annonce aux informations sa disparition dans le désert... une rage féroce l'envahit, il tire sur la radio, dernier cordon qui le reliait encore au monde, et il hurle à l'immensité du sable, sa peur et ses rancunes. Il sent qu'il perd pied. La réalité qu'il maîtrisait si bien lui file entre les doigts. Il a troué d'une balle son dernier jerrycan d'eau. Il va continuer de lutter, mais il entre dans un autre monde. Celui du désert intérieur, de sa mémoire hantée, le monde enfoui des chimères, des fantômes de son passé. Il entre dans le désert mythique, terre de légendes. Il s'est à marcher, pour agir. Voici qu'il retrouve l'errance. Le bâton de prophète surgit dans sa main. Halluciné par la chaleur et la peur, il veut casser ce symbole : le bâton se transforme en serpent. La parabole s'empare de lui : un patriarche surgit des dunes, s'évanouit, réapparaît en géant. Par un ultime réflexe, Charlie Schweitzer saisit son polaroïd, mais la photo est vierge. Il se précipite sur sa machine à écrire, celle-ci se transforme en bête gluante. Il tente d'en finir en s'offrant à la cuisson du soleil, en vain. Les apparitions se multiplient. La tête du patriarche sort d'une dune. Ailleurs, elle pleure du sable. Plus loin, elle s'enflamme. Enfin Charlie s'enfonce dans le sable, se transforme en Sinaï tandis qu'un prophète miniature lui martèle le crâne de son bâton. Tonnerre éclairs... Hébété, desséché, Charlie se retrouve debout sur ses jambes flageolantes. Il est temps de partir. Rassemblant à travers le lézard la foule hétérogène d'une arche de Noé revue par sa mémoire d'aventurier moderne, il entreprend dans sa voiture inerte, le long voyage vers l'autre côté, l'au-delà. Alors la voiture tangue et roule comme un bateau sur les vagues de sable. La nuit est tombée. En route, il croise l'armée des ombres. Enfin, la voiture s'immobilise. Charlie Schweitzer est arrivé au jardin d'Éden. Il s'y promène tranquillement. La peur et la soif ont disparu. Mais il sait bien qu'il faut aussi quitter cela. De plus en plus fatigué, il se couche... le jardin s'enfonce dans le sable. Dans la lumière irradiante du désert, un vent léger effleure un cadavre momifié non loin d'une voiture enlisée. Après quelques instants, le corps de Charlie Schweitzer se détache de la momie et s'élève dans le ciel. Une pluie providentielle tombe sur cette partie du désert où il ne pleut jamais...
- Lieu : France
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Mises en scène et scénographies = Versions
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Version d'Œuvre Spectacle -Genèse Jean-Louis Heckel (1990)
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