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Le réel de la langue et de la matière
Valantin (France) © Théâtre du Fust - Émilie Valantin
Pour cette artiste soucieuse d’échapper aux influences temporaires ou opportunistes, le choix d’un texte approprié aux libertés existentielles de la marionnette (qui n’a ni psychologie, ni crainte de la mort, ni besoin de tenir compte de la pesanteur), mais aussi à ses contraintes techniques, est déterminant. Elle a contribué à la découverte française du corrosif poète russe Daniil Harms, en étant l’une des premières à mettre en scène ses écrits dans une subtile scénographie à deux niveaux superposés. C’était en 1994, Harms venait juste d’être traduit, et le titre du spectacle, J’ai gêné et je gênerai, pourrait se lire sans peine comme la devise d’Émilie Valantin. L’esprit est bien le même lorsque deux ans plus tôt, dans La Disparition de Pline, son adaptation du Réel et son double du philosophe Clément Rosset, elle fustige la fuite du réel chez les grands penseurs et leur refuge dans les bras d’une illusion à géométrie variable.
La volonté de se confronter au réel de la matière, de l’espace scénique, de la langue, est omniprésente chez cette fille d’artisan ébéniste lyonnais, attentive en parallèle à l’économie générale du geste et de la voix du marionnettiste. Le temps passé à l’atelier avec une équipe de constructeurs, en amont et pendant les tournées de chaque création, est immense, ce qui l’amène à déclarer que l’art de la marionnette est un luxe. Il conjugue des compétences hautement spécialisées en sculpture, moulage, peinture, costume, chapellerie, perruquerie, ferronnerie, etc., selon les nécessités. Un art qui peut aiguiser l’esprit en se moquant avec malice de toutes les formes de pouvoir et qui met à l’honneur, par la qualité de son savoir-faire, la main qui fabrique, la main qui joue. Émilie Valantin cherche et invente sans cesse des techniques d’animation, des subtilités d’articulation ou d’expressions des personnages. Ses marionnettes de glace capables de bouger pendant une heure avant de fondre devant les spectateurs d’Un Cid, en 1996, sont restées célèbres et ont fait récemment des émules. Par exemple, les marionnettistes françaises Élise Vigneron et Hélène Barreau pour le Théâtre de l’Entrouvert, et la Bulgare Milena Milanova.
Le réel de la langue et de la matière
Valantin (France) © Théâtre du Fust - Émilie Valantin
Pour cette artiste soucieuse d’échapper aux influences temporaires ou opportunistes, le choix d’un texte approprié aux libertés existentielles de la marionnette (qui n’a ni psychologie, ni crainte de la mort, ni besoin de tenir compte de la pesanteur), mais aussi à ses contraintes techniques, est déterminant. Elle a contribué à la découverte française du corrosif poète russe Daniil Harms, en étant l’une des premières à mettre en scène ses écrits dans une subtile scénographie à deux niveaux superposés. C’était en 1994, Harms venait juste d’être traduit, et le titre du spectacle, J’ai gêné et je gênerai, pourrait se lire sans peine comme la devise d’Émilie Valantin. L’esprit est bien le même lorsque deux ans plus tôt, dans La Disparition de Pline, son adaptation du Réel et son double du philosophe Clément Rosset, elle fustige la fuite du réel chez les grands penseurs et leur refuge dans les bras d’une illusion à géométrie variable.
La volonté de se confronter au réel de la matière, de l’espace scénique, de la langue, est omniprésente chez cette fille d’artisan ébéniste lyonnais, attentive en parallèle à l’économie générale du geste et de la voix du marionnettiste. Le temps passé à l’atelier avec une équipe de constructeurs, en amont et pendant les tournées de chaque création, est immense, ce qui l’amène à déclarer que l’art de la marionnette est un luxe. Il conjugue des compétences hautement spécialisées en sculpture, moulage, peinture, costume, chapellerie, perruquerie, ferronnerie, etc., selon les nécessités. Un art qui peut aiguiser l’esprit en se moquant avec malice de toutes les formes de pouvoir et qui met à l’honneur, par la qualité de son savoir-faire, la main qui fabrique, la main qui joue. Émilie Valantin cherche et invente sans cesse des techniques d’animation, des subtilités d’articulation ou d’expressions des personnages. Ses marionnettes de glace capables de bouger pendant une heure avant de fondre devant les spectateurs d’Un Cid, en 1996, sont restées célèbres et ont fait récemment des émules. Par exemple, les marionnettistes françaises Élise Vigneron et Hélène Barreau pour le Théâtre de l’Entrouvert, et la Bulgare Milena Milanova.