Pensez à vous connecter pour un accès à toutes les ressources et fonctionnalités.
Créez votre panier, organisez vos documents en listes et retrouvez-les lors de votre prochaine connexion.
Le statut de la forme spectaculaire
© Théâtre de Cuisine - Domnique Piollet
Quant au statut de la forme spectaculaire, outre la fragmentation en saynètes, ce qui frappe est bien sûr la taille réduite de l’espace scénique : c’est un théâtre « de table », qui a souvent constitué un signe commun à l’esthétique des premiers spectacles du Théâtre de Cuisine comme du Théâtre Manarf (Paris-bonjour, 1979) ou de Gyulio Molnar (Trois petits suicides, 1983). Sur cette scène de faible dimension, les prestiges du théâtre démultiplient l’espace mais aussi le fragmentent et le « montent », à la façon d’une écriture « cinématographique » sur laquelle Christian Carrignon revient souvent. Jacques Templeraud déclare, dans la revue Marionnettes (5), en 1985 : « La petitesse introduit mieux au rêve. » La grande différence d’échelle entre objets (souvent des jouets) et comédien permet des changements de cadrage et de plan, par exemple dans la scène du camionneur, inspirée par Le Salaire de la peur d’Henri-Georges Clouzot. Tandis que de son bras gauche le comédien salue l’assistance comme s’il était le camionneur s’apprêtant à quitter l’oasis pour le désert (plan américain, seul le buste du comédien dépassant du couvercle de la valise relevé), sa main droite fait avancer le camion dans la valise de sable (plan général, le camion paraît minuscule dans l’étendue hostile). Le « rêve » dont parle Jacques Templeraud est donc cette construction imaginaire à laquelle procède le spectateur rétablissant, comme au cinéma, une continuité dans l’intervalle entre les plans, là où une simultanéité est, de fait, perçue. Dans Théâtre d’objet, mode d’emploi (6), un texte non publié qui date des années 2000, Christian Carrignon déclare : « Le théâtre d’objet “ vibre ” sur scène entre le grand et le petit, exactement comme le cinéma vibre sur l’écran entre le plan large et le plan serré, sautant d’un point de vue à l’autre [...]. Et c’est peut-être l’apport du théâtre d’objet d’avoir fait glisser une technique spécifiquement cinématographique dans le domaine de l’art vivant. »
5. Jacques TEMPLERAUD, entretien avec Roger Wallet, dans Marionnettes, n°7, Charleville-Mézières : UNIMA France / C.N.M., 1985, p. 47. Consultable sur demande au Centre de Documentation et des Collections du Pôle International de la Marionnette.
6. Voir aussi l'ouvrage éponyme : Carole VIDAL-ROSSET, Le théâtre d'objet : mode d'emploi : Séminaire Christian Carrignon et Jean-Luc Mattéoli "le théâtre contemporain et le théâtre d'objet", Dijon : CRDP de Bourgogne, 2006, 59 p. : synthèse de l'intervention de Christian Carrignon et Jean-Luc Mattéoli au séminaire de 2005 au Pôle National des Ressources Théâtre en Bourgogne. Consultable sur demande au Centre de Documentation et des Collections du Pôle International de la Marionnette.
Le statut de la forme spectaculaire
© Théâtre de Cuisine - Domnique Piollet
Quant au statut de la forme spectaculaire, outre la fragmentation en saynètes, ce qui frappe est bien sûr la taille réduite de l’espace scénique : c’est un théâtre « de table », qui a souvent constitué un signe commun à l’esthétique des premiers spectacles du Théâtre de Cuisine comme du Théâtre Manarf (Paris-bonjour, 1979) ou de Gyulio Molnar (Trois petits suicides, 1983). Sur cette scène de faible dimension, les prestiges du théâtre démultiplient l’espace mais aussi le fragmentent et le « montent », à la façon d’une écriture « cinématographique » sur laquelle Christian Carrignon revient souvent. Jacques Templeraud déclare, dans la revue Marionnettes (5), en 1985 : « La petitesse introduit mieux au rêve. » La grande différence d’échelle entre objets (souvent des jouets) et comédien permet des changements de cadrage et de plan, par exemple dans la scène du camionneur, inspirée par Le Salaire de la peur d’Henri-Georges Clouzot. Tandis que de son bras gauche le comédien salue l’assistance comme s’il était le camionneur s’apprêtant à quitter l’oasis pour le désert (plan américain, seul le buste du comédien dépassant du couvercle de la valise relevé), sa main droite fait avancer le camion dans la valise de sable (plan général, le camion paraît minuscule dans l’étendue hostile). Le « rêve » dont parle Jacques Templeraud est donc cette construction imaginaire à laquelle procède le spectateur rétablissant, comme au cinéma, une continuité dans l’intervalle entre les plans, là où une simultanéité est, de fait, perçue. Dans Théâtre d’objet, mode d’emploi (6), un texte non publié qui date des années 2000, Christian Carrignon déclare : « Le théâtre d’objet “ vibre ” sur scène entre le grand et le petit, exactement comme le cinéma vibre sur l’écran entre le plan large et le plan serré, sautant d’un point de vue à l’autre [...]. Et c’est peut-être l’apport du théâtre d’objet d’avoir fait glisser une technique spécifiquement cinématographique dans le domaine de l’art vivant. »
5. Jacques TEMPLERAUD, entretien avec Roger Wallet, dans Marionnettes, n°7, Charleville-Mézières : UNIMA France / C.N.M., 1985, p. 47. Consultable sur demande au Centre de Documentation et des Collections du Pôle International de la Marionnette.
6. Voir aussi l'ouvrage éponyme : Carole VIDAL-ROSSET, Le théâtre d'objet : mode d'emploi : Séminaire Christian Carrignon et Jean-Luc Mattéoli "le théâtre contemporain et le théâtre d'objet", Dijon : CRDP de Bourgogne, 2006, 59 p. : synthèse de l'intervention de Christian Carrignon et Jean-Luc Mattéoli au séminaire de 2005 au Pôle National des Ressources Théâtre en Bourgogne. Consultable sur demande au Centre de Documentation et des Collections du Pôle International de la Marionnette.