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Les débuts : d'un théâtre improvisé au véritable castelet
Un théâtre improvisé
du dossier pédagogique réalisé par
la Maison de George Sand à Nohant.
Vers 1847, le chemin de fer relie Paris à Châteauroux. Plus libre dans ses déplacements, George Sand passa plus de temps à Nohant et systématiquement en hiver. Le dîner était généralement servi vers 17 heures et après, les longues soirées étaient très animées. Quand Chopin était là, il se mettait au piano et les autres membres de l’assistance lisaient, disaient des charades ou on jouait la pantomime. Ces divertissements, comme la pratique théâtrale, étaient les seules sources de distraction.
Un soir de 1847, un théâtre de marionnettes fut improvisé à Nohant. Maurice Sand et son ami Eugène Lambert (1825 – 1900) avec qui il avait étudié la peinture dans l'atelier d'Eugène Delacroix, et qui séjourna à Nohant de 1844 à 1889, improvisèrent un théâtre tous les deux, agenouillés derrière un dossier de chaise et cachés par un carton à dessin. Ils utilisèrent des bûchettes à peine dégrossies entourées d'une serviette comme marionnettes.
Un dialogue naquit avec beaucoup d'humour. Les deux spectateurs, George Sand et son ami le journaliste Victor Borie s'amusèrent beaucoup. Le théâtre de marionnettes était né à Nohant. Il va vivre et évoluer au gré de l'inspiration de son créateur : Maurice Sand.
George Sand écrit : « deux bûchettes à peine dégrossies et emmaillotées de chiffons, levèrent leur buste sur la barre du dossier, et un dialogue très animé s'engagea. Je ne m'en rappelle pas un mot, mais il dut être fort plaisant, car il nous fit beaucoup rire et nous demandâmes tout de suite des figurines et une scène pour les faire mouvoir ».
Le théâtre de marionnettes appelées « burattini » est adopté à Nohant et s'adresse à un public trié. D'habitude, il s'adresse à un public populaire, alors que les marionnettes à fils s'adressent à un public aristocratique. Lambert et Maurice sont des artistes et des sculpteurs, c'est pour cela qu'ils préfèrent les marionnettes à gaine car ils sculptent les têtes. Dans le burattino, le travail de sculpture est réduit à la tête et aux mains, le reste est un manchon de tissu. Maurice sera fidèle pendant quarante ans aux burattini, aux marionnettes à gaines.
Différents théâtres appelés "castelets"
Après les marionnettes « bricolées » avec des bûchettes et des serviettes, les premières marionnettes prennent vie avec leur tête sculptée dans du bois de tilleul qui est un bois tendre qui se prête très facilement et très bien à la sculpture. Maurice Sand, qui n'était pas sculpteur mais plutôt peintre, pouvait ainsi aisément réaliser têtes et mains en volume et donner vie aux personnages qui prenaient naissance dans son imagination. Ce matériau facile à travailler permettait à ses talents artistiques et à ses capacités manuelles de génial « touche à tout » de s'exprimer.
Trois castelets se succèdent à Nohant :
- Après le simple dossier de chaise, Maurice et Eugène Lambert construisirent un castelet, sorte de petit théâtre de marionnettes plus élaboré avec une armature assez légère en bois recouverte de toile peinte. Il est doté de coulisses de chaque côté et d'une toile de fond peinte par Maurice. Ce premier théâtre était installé au salon, probablement sur une table. Il était amovible et dressé les soirs de représentations. Il fut abîmé par les flammes à cause d'un incendie qui s’inscrivait dans le scénario d'une pièce.
- Un autre castelet plus grand est aussitôt construit.
Si en 1847, sept pièces furent jouées, en 1848 le répertoire augmenta : douze pièces furent jouées. De 1848 à 1849, dix huit nouvelles pièces furent créées et de 1854 à 1872, il y eut cent-vingt représentations.
Les improvisations se multiplient, les acteurs augmentent la troupe et le théâtre à simple toile de fond et muni de ses coulisses devient trop petit, trop étroit.
Les représentations au rythme de deux par semaine peuvent durer jusqu'à deux heures du matin. Il devenait donc indispensable de créer un théâtre définitif avec une scène fixe et une salle pour y accueillir un public.
- En 1849, un nouveau théâtre fut installé dans une pièce voûtée qui servait de garde meuble et qui accueillait le billard, que George Sand appelait dans son enfance la salle des archives. Le théâtre était précédé d'un espace dans lequel une soixantaine de personnes pouvait prendre place installée sur une estrade.
C'est à côté de ce théâtre de marionnettes que fut percée l'arcade qui permit d'ouvrir sur la salle de billard et de créer le théâtre.
Le théâtre des marionnettes était éclairé par plusieurs rampes de luminaires qui donnaient le même éclairage que le grand théâtre.
Le théâtre où Maurice joua la plupart de ses pièces, celui que l'on peut encore voir en place lors des visites de la maison de George Sand, possède une structure en bois sur laquelle est tendue une toile peinte. Cette façade permet de cacher les opérants et les machineries. Cet impressionnant cadre est percé des deux côtés de portes qui donnent accès aux coulisses et permettent de circuler. Cette façade était équipée d'un petit trou oculaire par lequel Maurice pouvait observer l'assistance et prendre « la température » de ce qui se passait dans le public. Les peintures en trompe l’œil imitant le marbre auraient été faites par Maurice Sand lui-même.
La scène ne mesure qu'à peu près un mètre sur deux, ce qui constitue un espace très réduit, surtout si on est deux opérants à manipuler les marionnettes. Le cadre de scène est encadré d'une structure en bois décorée qui fait office de cadre de scène et guide le regard du spectateur vers la scène.
Il a été réalisé en bois sans doute par le menuisier du village qui se nommait Pierre Bonnin et qui était le menuisier attitré de la maison. Cette structure porte la date de 1847 (date des débuts des marionnettes à Nohant) alors que le théâtre date de quelques années après (1849). Il est encadré de deux pilastres cannelés à chapiteaux corinthiens qui portent une corniche richement sculptée et dorée ainsi qu'un long fronton curviligne. Le tout lui donnant un caractère monumental.
Il s'agit d'un petit théâtre machiné comme un théâtre à Paris. Derrière cette façade, il y avait la place pour plusieurs opérants car Maurice n'était pas seul pour manipuler ses marionnettes : il se retrouvait avec Eugène Lambert, Alexandre Manceau et les frères Simmonet qui étaient parmi les plus fidèles.
A Paris, Maurice avait deux théâtres de marionnettes : le premier installé en 1852 rue Boursault fut baptisé « Théâtre des amis ». En 1882, il ouvrit un autre théâtre parisien dans son appartement de Passy. Les lieux étaient plus vastes qu'à Nohant où le public était local mais à Passy le public était différent, plus mondain, convié sur invitation.
Coup de loupe sur les marionnettes au XIXe siècle
Après une sortie très difficile des années révolutionnaires, Lyon est très marquée par de grosses difficultés économiques et sociales. Laurent Mourguet, tisseur de soie, devient arracheur de dents et pour attirer ses clients montre Polichinelle. Vers 1805, il se consacre entièrement aux marionnettes à gaines, les burattini. Il invente le personnage de Guignol qui représente le petit peuple lyonnais exploité par les propriétaires avares et les patrons de l'industrie de la soie. Guignol et son acolyte Gnafron (crée par Lambert-Grégoire Ladré associé de Mourguet) deviennent célèbres à Lyon car les Lyonnais se reconnaissent en lui, mais aussi dans le pays entier. De nombreux théâtres de Guignol sont créés et sa popularité s'accroît avec la révolte des canuts (ouvriers de la soie à Lyon qui se soulevèrent contre leurs salaires dérisoires). Les pouvoirs politiques de la Restauration et de la Monarchie de Juillet deviennent sa cible. Le Second Empire met un frein à cette liberté de parole en imposant la censure : Guignol devient « bon citoyen ». En parallèle de ce théâtre de marionnettes populaire se développe un théâtre plus cultivé : un théâtre de salons sous la férule de Lemercier de Neuville. Celui-ci, journaliste, fréquente les milieux artistiques et intellectuels de la capitale. Il crée des marionnettes qu'il appelle « pupazzi ». D'abord à fils, elles changent pour devenir des marionnettes à gaine qui ont pour vocation de brocarder par la satire la société et le monde des politiques de l'époque. Dans son entreprise, il se fait aider de Gustave Doré qui lui fait les décors.
Parallèlement, dans les années 1890, se développe le théâtre d'ombres au cabaret Montmartrois du Chat Noir. Les silhouettes en carton d'abord puis en zinc sont animées par un certain nombre d'opérants derrière une toile, avec des effets d'éclairages et de lumières créés par des chalumeaux. Comme le théâtre de Maurice Sand, celui-ci s'éteindra avec la mort de son créateur.
Les débuts : d'un théâtre improvisé au véritable castelet
Un théâtre improvisé
du dossier pédagogique réalisé par
la Maison de George Sand à Nohant.
Vers 1847, le chemin de fer relie Paris à Châteauroux. Plus libre dans ses déplacements, George Sand passa plus de temps à Nohant et systématiquement en hiver. Le dîner était généralement servi vers 17 heures et après, les longues soirées étaient très animées. Quand Chopin était là, il se mettait au piano et les autres membres de l’assistance lisaient, disaient des charades ou on jouait la pantomime. Ces divertissements, comme la pratique théâtrale, étaient les seules sources de distraction.
Un soir de 1847, un théâtre de marionnettes fut improvisé à Nohant. Maurice Sand et son ami Eugène Lambert (1825 – 1900) avec qui il avait étudié la peinture dans l'atelier d'Eugène Delacroix, et qui séjourna à Nohant de 1844 à 1889, improvisèrent un théâtre tous les deux, agenouillés derrière un dossier de chaise et cachés par un carton à dessin. Ils utilisèrent des bûchettes à peine dégrossies entourées d'une serviette comme marionnettes.
Un dialogue naquit avec beaucoup d'humour. Les deux spectateurs, George Sand et son ami le journaliste Victor Borie s'amusèrent beaucoup. Le théâtre de marionnettes était né à Nohant. Il va vivre et évoluer au gré de l'inspiration de son créateur : Maurice Sand.
George Sand écrit : « deux bûchettes à peine dégrossies et emmaillotées de chiffons, levèrent leur buste sur la barre du dossier, et un dialogue très animé s'engagea. Je ne m'en rappelle pas un mot, mais il dut être fort plaisant, car il nous fit beaucoup rire et nous demandâmes tout de suite des figurines et une scène pour les faire mouvoir ».
Le théâtre de marionnettes appelées « burattini » est adopté à Nohant et s'adresse à un public trié. D'habitude, il s'adresse à un public populaire, alors que les marionnettes à fils s'adressent à un public aristocratique. Lambert et Maurice sont des artistes et des sculpteurs, c'est pour cela qu'ils préfèrent les marionnettes à gaine car ils sculptent les têtes. Dans le burattino, le travail de sculpture est réduit à la tête et aux mains, le reste est un manchon de tissu. Maurice sera fidèle pendant quarante ans aux burattini, aux marionnettes à gaines.
Différents théâtres appelés "castelets"
Après les marionnettes « bricolées » avec des bûchettes et des serviettes, les premières marionnettes prennent vie avec leur tête sculptée dans du bois de tilleul qui est un bois tendre qui se prête très facilement et très bien à la sculpture. Maurice Sand, qui n'était pas sculpteur mais plutôt peintre, pouvait ainsi aisément réaliser têtes et mains en volume et donner vie aux personnages qui prenaient naissance dans son imagination. Ce matériau facile à travailler permettait à ses talents artistiques et à ses capacités manuelles de génial « touche à tout » de s'exprimer.
Trois castelets se succèdent à Nohant :
- Après le simple dossier de chaise, Maurice et Eugène Lambert construisirent un castelet, sorte de petit théâtre de marionnettes plus élaboré avec une armature assez légère en bois recouverte de toile peinte. Il est doté de coulisses de chaque côté et d'une toile de fond peinte par Maurice. Ce premier théâtre était installé au salon, probablement sur une table. Il était amovible et dressé les soirs de représentations. Il fut abîmé par les flammes à cause d'un incendie qui s’inscrivait dans le scénario d'une pièce.
- Un autre castelet plus grand est aussitôt construit.
Si en 1847, sept pièces furent jouées, en 1848 le répertoire augmenta : douze pièces furent jouées. De 1848 à 1849, dix huit nouvelles pièces furent créées et de 1854 à 1872, il y eut cent-vingt représentations.
Les improvisations se multiplient, les acteurs augmentent la troupe et le théâtre à simple toile de fond et muni de ses coulisses devient trop petit, trop étroit.
Les représentations au rythme de deux par semaine peuvent durer jusqu'à deux heures du matin. Il devenait donc indispensable de créer un théâtre définitif avec une scène fixe et une salle pour y accueillir un public.
- En 1849, un nouveau théâtre fut installé dans une pièce voûtée qui servait de garde meuble et qui accueillait le billard, que George Sand appelait dans son enfance la salle des archives. Le théâtre était précédé d'un espace dans lequel une soixantaine de personnes pouvait prendre place installée sur une estrade.
C'est à côté de ce théâtre de marionnettes que fut percée l'arcade qui permit d'ouvrir sur la salle de billard et de créer le théâtre.
Le théâtre des marionnettes était éclairé par plusieurs rampes de luminaires qui donnaient le même éclairage que le grand théâtre.
Le théâtre où Maurice joua la plupart de ses pièces, celui que l'on peut encore voir en place lors des visites de la maison de George Sand, possède une structure en bois sur laquelle est tendue une toile peinte. Cette façade permet de cacher les opérants et les machineries. Cet impressionnant cadre est percé des deux côtés de portes qui donnent accès aux coulisses et permettent de circuler. Cette façade était équipée d'un petit trou oculaire par lequel Maurice pouvait observer l'assistance et prendre « la température » de ce qui se passait dans le public. Les peintures en trompe l’œil imitant le marbre auraient été faites par Maurice Sand lui-même.
La scène ne mesure qu'à peu près un mètre sur deux, ce qui constitue un espace très réduit, surtout si on est deux opérants à manipuler les marionnettes. Le cadre de scène est encadré d'une structure en bois décorée qui fait office de cadre de scène et guide le regard du spectateur vers la scène.
Il a été réalisé en bois sans doute par le menuisier du village qui se nommait Pierre Bonnin et qui était le menuisier attitré de la maison. Cette structure porte la date de 1847 (date des débuts des marionnettes à Nohant) alors que le théâtre date de quelques années après (1849). Il est encadré de deux pilastres cannelés à chapiteaux corinthiens qui portent une corniche richement sculptée et dorée ainsi qu'un long fronton curviligne. Le tout lui donnant un caractère monumental.
Il s'agit d'un petit théâtre machiné comme un théâtre à Paris. Derrière cette façade, il y avait la place pour plusieurs opérants car Maurice n'était pas seul pour manipuler ses marionnettes : il se retrouvait avec Eugène Lambert, Alexandre Manceau et les frères Simmonet qui étaient parmi les plus fidèles.
A Paris, Maurice avait deux théâtres de marionnettes : le premier installé en 1852 rue Boursault fut baptisé « Théâtre des amis ». En 1882, il ouvrit un autre théâtre parisien dans son appartement de Passy. Les lieux étaient plus vastes qu'à Nohant où le public était local mais à Passy le public était différent, plus mondain, convié sur invitation.
Coup de loupe sur les marionnettes au XIXe siècle
Après une sortie très difficile des années révolutionnaires, Lyon est très marquée par de grosses difficultés économiques et sociales. Laurent Mourguet, tisseur de soie, devient arracheur de dents et pour attirer ses clients montre Polichinelle. Vers 1805, il se consacre entièrement aux marionnettes à gaines, les burattini. Il invente le personnage de Guignol qui représente le petit peuple lyonnais exploité par les propriétaires avares et les patrons de l'industrie de la soie. Guignol et son acolyte Gnafron (crée par Lambert-Grégoire Ladré associé de Mourguet) deviennent célèbres à Lyon car les Lyonnais se reconnaissent en lui, mais aussi dans le pays entier. De nombreux théâtres de Guignol sont créés et sa popularité s'accroît avec la révolte des canuts (ouvriers de la soie à Lyon qui se soulevèrent contre leurs salaires dérisoires). Les pouvoirs politiques de la Restauration et de la Monarchie de Juillet deviennent sa cible. Le Second Empire met un frein à cette liberté de parole en imposant la censure : Guignol devient « bon citoyen ». En parallèle de ce théâtre de marionnettes populaire se développe un théâtre plus cultivé : un théâtre de salons sous la férule de Lemercier de Neuville. Celui-ci, journaliste, fréquente les milieux artistiques et intellectuels de la capitale. Il crée des marionnettes qu'il appelle « pupazzi ». D'abord à fils, elles changent pour devenir des marionnettes à gaine qui ont pour vocation de brocarder par la satire la société et le monde des politiques de l'époque. Dans son entreprise, il se fait aider de Gustave Doré qui lui fait les décors.
Parallèlement, dans les années 1890, se développe le théâtre d'ombres au cabaret Montmartrois du Chat Noir. Les silhouettes en carton d'abord puis en zinc sont animées par un certain nombre d'opérants derrière une toile, avec des effets d'éclairages et de lumières créés par des chalumeaux. Comme le théâtre de Maurice Sand, celui-ci s'éteindra avec la mort de son créateur.