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Rites funéraires et rites de fertilité
Photo Christophe Loiseau.
Musée de l'Ardenne.
Dans les rites funéraires, les effigies sont utilisées pour accompagner les défunts dans leur voyage vers l’au-delà. Ces rites ont pour but d’assurer la bénédiction des défunts, la « bonne séparation du défunt et de la société des vivants »(1) et leur bon passage vers le monde des esprits. Les effigies utilisées ont des formes et des rôles variés :
- Elles peuvent servir d’accompagnement au défunt dans son voyage vers l’au-delà. Ainsi, en Côte-d’Ivoire, les déblé, grandes statues-pilons de l’organisation initiatique poro représentant le couple originel, les personnages mythiques et les morts des deux sexes accompagnent en musique le défunt dans sa marche vers l’au-delà.
- Elles peuvent également être un double du défunt, que l’on fait parader dans le village. Au Togo, lors de la commémoration d’une femme décédée, des secondes funérailles sont organisées un ou deux ans après les premières, au cours desquelles une figurine représentant la défunte, l’unil, fabriquée pour l’occasion, est conduite vers la demeure de son père.
- Enfin, elles peuvent être le corps du défunt lui-même. En République démocratique du Congo, des spécialistes fabriquent le niombo à l’occasion de la mort d’un chef traditionnel : le niombo est un gigantesque mannequin mortuaire en tissu qui contient le corps du défunt. Le rite associé à ce mannequin permet au mort de quitter la communauté villageoise apaisé. Au cours de celui-ci, le mannequin, maintenu debout et animé par ses porteurs, danse, fait des blagues et se promène dans le village, puis il est enterré. Dans certains pays, le corps du mort est directement manipulé comme une marionnette, sans être caché. La manipulation, qui est facilitée dans certains cas par une opération sur les os du défunt, est cachée afin de donner l’illusion que le mort bouge.
Ces cérémonies bien que funéraires restent des moments festifs, accompagnés de danse et de musique, qui honorent le mort et sa vie. Ils font même preuve d’humour et de dérision. Ainsi, au Congo, le niombo fait mine de retourner vers le village pour ne pas être enterré. Pour que les rites funéraires puissent fonctionner, et pour que l’effigie puisse réellement représenter un mort, elle doit généralement porter en elle quelque chose qui provient du défunt : des cheveux, une dent, etc., qui permettent de matérialiser le lien entre l’effigie et la personne. Sinon, l’effigie en elle-même n’est qu’un objet.
Dans les croyances africaines, la mort est très liée à la vie et à la régénérescence, l’une ne va pas sans l’autre. C’est pour cela que les rites funéraires sont souvent liés aux rites de fertilité : dans certaines cérémonies funéraires, au Bénin par exemple, des effigies représentent une danse amoureuse qui conduit à l’accouplement. Les rites de fertilité ont des objectifs précis et des effets réel - qui ne sont pas séparés des objectifs sacrés. Ils ont pour but d’assurer l’existence de la tribu. Ils fonctionnent sur la base de la pensée magique analogique(2) : l’accouplement aurait un effet sur la germination des grains, donc, afin d’obtenir de la nature et des puissances surnaturelles la meilleure récolte possible, l’acte sexuel est mis en scène grâce à des effigies, qui peuvent par exemple prendre la forme d’un couple de pantins évoluant sur une ficelle fixée aux pieds d’un manipulateur (marionnettes aux pieds).
Les poupées de fécondité, considérées par certains comme l’ancêtre des marionnettes, sont données aux jeunes filles pour les préparer à la maternité et les protéger de la stérilité. Elles doivent pour cela être traitées selon des codes préétablis, et le processus est surveillé par les autres femmes du village.
« Dans les mains des jeunes filles, les poupées de fécondité s’imprègnent de forces vives, de même que les marionnettes dans celles du marionnettiste. »(3)
- DARKOWSKA-NIDZGORSKI, Olenka, Théâtre populaire de marionnettes en Afrique Sud-Saharienne, Bandundu : CEEBA productions, 1980
- « force du Double agissant dans et par la marionnette » dans DARKOWSKA-NIDZGORSKI, Olenka (compilateur), UNIMA Informations : L’Afrique noire en marionnettes, Charleville-Mézières : UNIMA, 1988
- DARKOWSKA-NIDZGORSKI, Olenka, Cahiers de l’ADEIAO, n° 13, Tchitchili Tsitsawi : marionnettes d’Afrique, Paris : Editions ADEIAO, 1996
Rites funéraires et rites de fertilité
Photo Christophe Loiseau.
Musée de l'Ardenne.
Dans les rites funéraires, les effigies sont utilisées pour accompagner les défunts dans leur voyage vers l’au-delà. Ces rites ont pour but d’assurer la bénédiction des défunts, la « bonne séparation du défunt et de la société des vivants »(1) et leur bon passage vers le monde des esprits. Les effigies utilisées ont des formes et des rôles variés :
- Elles peuvent servir d’accompagnement au défunt dans son voyage vers l’au-delà. Ainsi, en Côte-d’Ivoire, les déblé, grandes statues-pilons de l’organisation initiatique poro représentant le couple originel, les personnages mythiques et les morts des deux sexes accompagnent en musique le défunt dans sa marche vers l’au-delà.
- Elles peuvent également être un double du défunt, que l’on fait parader dans le village. Au Togo, lors de la commémoration d’une femme décédée, des secondes funérailles sont organisées un ou deux ans après les premières, au cours desquelles une figurine représentant la défunte, l’unil, fabriquée pour l’occasion, est conduite vers la demeure de son père.
- Enfin, elles peuvent être le corps du défunt lui-même. En République démocratique du Congo, des spécialistes fabriquent le niombo à l’occasion de la mort d’un chef traditionnel : le niombo est un gigantesque mannequin mortuaire en tissu qui contient le corps du défunt. Le rite associé à ce mannequin permet au mort de quitter la communauté villageoise apaisé. Au cours de celui-ci, le mannequin, maintenu debout et animé par ses porteurs, danse, fait des blagues et se promène dans le village, puis il est enterré. Dans certains pays, le corps du mort est directement manipulé comme une marionnette, sans être caché. La manipulation, qui est facilitée dans certains cas par une opération sur les os du défunt, est cachée afin de donner l’illusion que le mort bouge.
Ces cérémonies bien que funéraires restent des moments festifs, accompagnés de danse et de musique, qui honorent le mort et sa vie. Ils font même preuve d’humour et de dérision. Ainsi, au Congo, le niombo fait mine de retourner vers le village pour ne pas être enterré. Pour que les rites funéraires puissent fonctionner, et pour que l’effigie puisse réellement représenter un mort, elle doit généralement porter en elle quelque chose qui provient du défunt : des cheveux, une dent, etc., qui permettent de matérialiser le lien entre l’effigie et la personne. Sinon, l’effigie en elle-même n’est qu’un objet.
Dans les croyances africaines, la mort est très liée à la vie et à la régénérescence, l’une ne va pas sans l’autre. C’est pour cela que les rites funéraires sont souvent liés aux rites de fertilité : dans certaines cérémonies funéraires, au Bénin par exemple, des effigies représentent une danse amoureuse qui conduit à l’accouplement. Les rites de fertilité ont des objectifs précis et des effets réel - qui ne sont pas séparés des objectifs sacrés. Ils ont pour but d’assurer l’existence de la tribu. Ils fonctionnent sur la base de la pensée magique analogique(2) : l’accouplement aurait un effet sur la germination des grains, donc, afin d’obtenir de la nature et des puissances surnaturelles la meilleure récolte possible, l’acte sexuel est mis en scène grâce à des effigies, qui peuvent par exemple prendre la forme d’un couple de pantins évoluant sur une ficelle fixée aux pieds d’un manipulateur (marionnettes aux pieds).
Les poupées de fécondité, considérées par certains comme l’ancêtre des marionnettes, sont données aux jeunes filles pour les préparer à la maternité et les protéger de la stérilité. Elles doivent pour cela être traitées selon des codes préétablis, et le processus est surveillé par les autres femmes du village.
« Dans les mains des jeunes filles, les poupées de fécondité s’imprègnent de forces vives, de même que les marionnettes dans celles du marionnettiste. »(3)
- DARKOWSKA-NIDZGORSKI, Olenka, Théâtre populaire de marionnettes en Afrique Sud-Saharienne, Bandundu : CEEBA productions, 1980
- « force du Double agissant dans et par la marionnette » dans DARKOWSKA-NIDZGORSKI, Olenka (compilateur), UNIMA Informations : L’Afrique noire en marionnettes, Charleville-Mézières : UNIMA, 1988
- DARKOWSKA-NIDZGORSKI, Olenka, Cahiers de l’ADEIAO, n° 13, Tchitchili Tsitsawi : marionnettes d’Afrique, Paris : Editions ADEIAO, 1996