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L’abstraction en art au début du 20e siècle
III. Spectacles de marionnettes. Opéra
dérisoire (1960, Lafaye) : marionnettes.
Marionnettes. Pomme spirale -
Source : Gallica - BnF
Comme il le reconnaît lui-même, c’est notamment sous l’influence du cinéma d’Avant-garde que Lafaye a conçu ses spectacles abstraits : Le Grand Combat, sur le poème d’Henri Michaux (1951), Tempo (1953), La Vigne de Naboth (1978) (3).
Si l’on a bien gardé en tête les manifestations de l’abstraction dans les arts plastiques à partir des années 1910 (Kandinsky, Mondrian, Malevitch, Delaunay, Klee, Miró consorts et successeurs), on connaît moins celles auxquelles le cinéma a donné lieu. Après les premières expérimentations futuristes de peinture sur pellicule (Arnaldo et Bruno Ginanni-Corradini), l’Allemagne des années 20, dans la mouvance du Dadaïsme, a vu se multiplier des films présentant des successions de formes géométriques en noir et blanc (les Rhythm 21, 23 et 25 de Hans Richter (4), la Symphonie diagonale du suédois Viking Eggeling) (5), de formes lumineuses et colorées (Opus 1-2-3-4, Walter Ruttman (6)), et autres poèmes optiques (Oskar Fischinger (7)). À la même période en France, Marcel Duchamp réalise avec Man Ray et Marc Allégret son Anemic Cinema (8).
Il semble que, plus de vingt ans après, Lafaye ait été le premier à avoir fait sortir la marionnette de la figuration pour entrer dans l’abstraction. En effet, bien que souvent qualifiées d’abstraites, les figures de Depero, les marionnettes à fils de Sophie Taueber-Arp pour Le Roi Cerf (1918), les marionnettes habitées du Ballet triadique d’Oskar Schlemmer (1922), et plus tard les boules maniées par Obraztsov ou O’Brady, stylisations certes géométriques, étaient figuratives, anthropo- ou zoomorphes. C’est tout autre chose que Lafaye a proposé d’explorer.
3. Rendue évidente par la comparaison des formes, cette influence du cinéma d’avant-garde sur son œuvre est reconnue par Lafaye lui-même. Cf. propos rapportés dans « Comment Yves Joly et Georges Lafaye ont renouvelé un genre » : « Certes, j’ai été influencé par le cinéma d’avant-garde. On est toujours influencé qu’on le veuille ou non. Il y a des relations de voisinage. D’ailleurs je suis possédé par le mouvement. Mon travail est de faire bouger des choses. On fait un tableau animé ou une écriture animée. J’ai étudié la mise en scène et cela m’a fait comprendre qu’il était possible de toucher un public sans la présence de comédiens. » (op. cit).
4. Voir par exemple : Hans Richter (1888-1976), Rhythm 21, 1921. Consultable en ligne. Et Rhythm 23, 1923. Consultable en ligne.
5. Voir par exemple : Viking Eggeling (1880-1925), Symphonie diagonale, 1924. Consultable en ligne.
6. Voir par exemple : Walter Ruttman (1887-1951), Opus 1-2-3-4, réalisés entre 1921 et 1925. Consultables en ligne.
7. Voir par exemple : Oskar Fischinger (1900-1967), An optical Poem (1938). Consultable en ligne.
8. Marcel Duchamp, Anemic Cinema, 1926, 7 min., 35 millimètres, noir et blanc. Consultable en ligne.
L’abstraction en art au début du 20e siècle
III. Spectacles de marionnettes. Opéra
dérisoire (1960, Lafaye) : marionnettes.
Marionnettes. Pomme spirale -
Source : Gallica - BnF
Comme il le reconnaît lui-même, c’est notamment sous l’influence du cinéma d’Avant-garde que Lafaye a conçu ses spectacles abstraits : Le Grand Combat, sur le poème d’Henri Michaux (1951), Tempo (1953), La Vigne de Naboth (1978) (3).
Si l’on a bien gardé en tête les manifestations de l’abstraction dans les arts plastiques à partir des années 1910 (Kandinsky, Mondrian, Malevitch, Delaunay, Klee, Miró consorts et successeurs), on connaît moins celles auxquelles le cinéma a donné lieu. Après les premières expérimentations futuristes de peinture sur pellicule (Arnaldo et Bruno Ginanni-Corradini), l’Allemagne des années 20, dans la mouvance du Dadaïsme, a vu se multiplier des films présentant des successions de formes géométriques en noir et blanc (les Rhythm 21, 23 et 25 de Hans Richter (4), la Symphonie diagonale du suédois Viking Eggeling) (5), de formes lumineuses et colorées (Opus 1-2-3-4, Walter Ruttman (6)), et autres poèmes optiques (Oskar Fischinger (7)). À la même période en France, Marcel Duchamp réalise avec Man Ray et Marc Allégret son Anemic Cinema (8).
Il semble que, plus de vingt ans après, Lafaye ait été le premier à avoir fait sortir la marionnette de la figuration pour entrer dans l’abstraction. En effet, bien que souvent qualifiées d’abstraites, les figures de Depero, les marionnettes à fils de Sophie Taueber-Arp pour Le Roi Cerf (1918), les marionnettes habitées du Ballet triadique d’Oskar Schlemmer (1922), et plus tard les boules maniées par Obraztsov ou O’Brady, stylisations certes géométriques, étaient figuratives, anthropo- ou zoomorphes. C’est tout autre chose que Lafaye a proposé d’explorer.
3. Rendue évidente par la comparaison des formes, cette influence du cinéma d’avant-garde sur son œuvre est reconnue par Lafaye lui-même. Cf. propos rapportés dans « Comment Yves Joly et Georges Lafaye ont renouvelé un genre » : « Certes, j’ai été influencé par le cinéma d’avant-garde. On est toujours influencé qu’on le veuille ou non. Il y a des relations de voisinage. D’ailleurs je suis possédé par le mouvement. Mon travail est de faire bouger des choses. On fait un tableau animé ou une écriture animée. J’ai étudié la mise en scène et cela m’a fait comprendre qu’il était possible de toucher un public sans la présence de comédiens. » (op. cit).
4. Voir par exemple : Hans Richter (1888-1976), Rhythm 21, 1921. Consultable en ligne. Et Rhythm 23, 1923. Consultable en ligne.
5. Voir par exemple : Viking Eggeling (1880-1925), Symphonie diagonale, 1924. Consultable en ligne.
6. Voir par exemple : Walter Ruttman (1887-1951), Opus 1-2-3-4, réalisés entre 1921 et 1925. Consultables en ligne.
7. Voir par exemple : Oskar Fischinger (1900-1967), An optical Poem (1938). Consultable en ligne.
8. Marcel Duchamp, Anemic Cinema, 1926, 7 min., 35 millimètres, noir et blanc. Consultable en ligne.