Pensez à vous connecter pour un accès à toutes les ressources et fonctionnalités.
Créez votre panier, organisez vos documents en listes et retrouvez-les lors de votre prochaine connexion.
Récitant, instrumentistes et marionnettistes en symbiose
Dominique Houdart - Jeanne Heuclin (France), 1984
© Compagnie Houdart-Heuclin, photographie : Brigitte
Pougeoise
Monté en 1984, Le Combat de Tancrède et Clorinde (2) est une cantate de Monteverdi sur le texte du Tasse adapté par Gérard Lépinois, interprétée en italien par Jeanne Heuclin et accompagnée d’un clavecin et d’un violon. Elle marque un sommet dans l’histoire de la compagnie Houdart-Heuclin, moment où la relation entre la voix, le texte, le matériau et la musique atteint, selon les avis des critiques, un état de grâce. (3)
Pour la mise en scène du Combat de Tancrède et Clorinde, Dominique Houdart dit être parti de la voix (4). La présence du récitant-chanteur était doublement légitimée par la forme opératique sur laquelle travaillait la compagnie et par l’influence du bunraku. Ce medium d’adaptation entérine le décentrement de la voix qui ne se superpose plus de manière réaliste au corps de la marionnette mais ouvre la scène vers un espace spécifique dédié au récitatif et à la musique. La voix, la musique et les marionnettes sont donc conçues comme des disciplines parfaitement autonomes mais fonctionnant en interdépendance.
La récitante Jeanne Heuclin et les instrumentistes racontent le duel, pendant la Première Croisade (1095-99), entre le chrétien Tancrède et celle qu’il aime, la princesse musulmane Clorinde. Cette dernière vêtue d’une armure, le visage entièrement caché sous un heaume, se bat contre Tancrède qui ignore l’identité de son adversaire. Clorinde, blessée, se découvre. Un torrent de soie rouge déborde de son armure. Le combat s’achève par « l’image poétique et dépouillée de l’âme de Clorinde morte et baptisée par Tancrède, montant au ciel par le biais d’une feuille de la partition élevée par la chanteuse dans le premier rayon du soleil levant » (5).
Les mouvements de l’archet se superposaient à ceux des épées et Dominique Houdart se rappelle à quel point la relation entre la voix de Jeanne Heuclin et le geste de la marionnette avait fasciné le public notamment lors de leur tournée au Japon.
2. Claudio MONTEVERDI, Le Combat de Tancrède et Clorinde, livret de Torquato Tasso, adaptation de Gérard Lépinois, mise en scène de Dominique Houdart, 1984
3. Lise GUIOT, Le bunraku et ses nouveaux visages sur la scène française contemporaine, thèse de doctorat, Université Paul Valéry-Montpellier III, 2016, p. 543-560
4. Dominique HOUDART, entretiens croisés avec Jeanne Heuclin et l’auteur, Paris, janvier 2013
5. Olivier BRUNEL, « Monteverdi à la japonaise », Témoignage chrétien, 18 mars 1985
Récitant, instrumentistes et marionnettistes en symbiose
Dominique Houdart - Jeanne Heuclin (France), 1984
© Compagnie Houdart-Heuclin, photographie : Brigitte
Pougeoise
Monté en 1984, Le Combat de Tancrède et Clorinde (2) est une cantate de Monteverdi sur le texte du Tasse adapté par Gérard Lépinois, interprétée en italien par Jeanne Heuclin et accompagnée d’un clavecin et d’un violon. Elle marque un sommet dans l’histoire de la compagnie Houdart-Heuclin, moment où la relation entre la voix, le texte, le matériau et la musique atteint, selon les avis des critiques, un état de grâce. (3)
Pour la mise en scène du Combat de Tancrède et Clorinde, Dominique Houdart dit être parti de la voix (4). La présence du récitant-chanteur était doublement légitimée par la forme opératique sur laquelle travaillait la compagnie et par l’influence du bunraku. Ce medium d’adaptation entérine le décentrement de la voix qui ne se superpose plus de manière réaliste au corps de la marionnette mais ouvre la scène vers un espace spécifique dédié au récitatif et à la musique. La voix, la musique et les marionnettes sont donc conçues comme des disciplines parfaitement autonomes mais fonctionnant en interdépendance.
La récitante Jeanne Heuclin et les instrumentistes racontent le duel, pendant la Première Croisade (1095-99), entre le chrétien Tancrède et celle qu’il aime, la princesse musulmane Clorinde. Cette dernière vêtue d’une armure, le visage entièrement caché sous un heaume, se bat contre Tancrède qui ignore l’identité de son adversaire. Clorinde, blessée, se découvre. Un torrent de soie rouge déborde de son armure. Le combat s’achève par « l’image poétique et dépouillée de l’âme de Clorinde morte et baptisée par Tancrède, montant au ciel par le biais d’une feuille de la partition élevée par la chanteuse dans le premier rayon du soleil levant » (5).
Les mouvements de l’archet se superposaient à ceux des épées et Dominique Houdart se rappelle à quel point la relation entre la voix de Jeanne Heuclin et le geste de la marionnette avait fasciné le public notamment lors de leur tournée au Japon.
2. Claudio MONTEVERDI, Le Combat de Tancrède et Clorinde, livret de Torquato Tasso, adaptation de Gérard Lépinois, mise en scène de Dominique Houdart, 1984
3. Lise GUIOT, Le bunraku et ses nouveaux visages sur la scène française contemporaine, thèse de doctorat, Université Paul Valéry-Montpellier III, 2016, p. 543-560
4. Dominique HOUDART, entretiens croisés avec Jeanne Heuclin et l’auteur, Paris, janvier 2013
5. Olivier BRUNEL, « Monteverdi à la japonaise », Témoignage chrétien, 18 mars 1985