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1 - L’éco-conception, n’est-ce pas un principe de bobos ou un mot utilisé à tout va, qui dissimule des pratiques de greenwashing ?
Oui, parfois. Mais ça n’est pas que ça...
1 - L’éco-conception, n’est-ce pas un principe de bobos ou un mot utilisé à tout va, qui dissimule des pratiques de greenwashing ?
Oui, parfois. Mais ça n’est pas que ça...
L’éco-conception est d’abord une discipline assez récente (apparue dans les années 1990), qui permet de considérer les impacts environnementaux dans le processus de conception d’un produit ou d’un service. Déployée dans l’industrie en réponse aux contraintes réglementaires ou comme moyen de se différencier de la concurrence, cette approche est aussi devenue un argument marketing avec l’évolution de l’intérêt des consommateur·trice·s pour les questions environnementales.
Le greenwashing existe mais ça n’a rien à voir avec l’éco-conception : c’est de la publicité mensongère. L’équivalent francophone de greenwashing est “écoblanchiment” ou “verdissage”.
L’éco-conception est un domaine de recherche scientifique appliquée à l’industrie. Plusieurs normes ISO (famille des 14000) décrivent les règles de mesure des impacts environnementaux, de la communication environnementale et de la mise en œuvre d’un processus d’éco-conception.
Deux éléments sont fondamentaux dans une démarche d’éco-conception :
- l'approche “cycle de vie”, qui consiste à considérer toutes les étapes de la vie d’un produit :
- extraction des matières premières,
- fabrication (et énergies mobilisées),
- usage,
- fin de vie,
- transports associés ;
- l’approche multicritère, qui considère les impacts environnementaux (consommation des ressources naturelles, pollution des milieux naturels, santé humaine, biodiversité) ou sociétaux d’un produit ou d’un projet (dans le cas qui nous occupe : le fait de produire une création artistique).
L’éco-conception ne se limite pas aux pratiques souvent mises en avant : recyclage, recours aux matériaux biodégradables… ni à des produits considérés isolément. Elle permet de repenser des systèmes complexes de manière radicale. On parle alors aussi d’éco-innovation.
Exemple : Greenwashing et éco-conception dans le domaine du spectacle
Ces dernières années, beaucoup d’appels à projets et (donc) de dossiers de production de spectacles se sont vus ponctués des mots-clés d’“écologie”, “environnement”, “développement durable”, etc. sans que les modes de travail, ni même les dramaturgies ne soient toujours porteuses d’un véritable renouvellement des imaginaires et des pratiques. Cette adaptation des discours à des nécessités de financement est réelle mais s’apparente à du greenwashing quand aucune action n’est mise en œuvre.
Il existe néanmoins, dans les milieux artistiques, un intérêt véritable pour l’analyse des pratiques au prisme de l’éco-conception, notamment parce que certaines retombées peuvent être directes et bénéfiques pour les praticien·ne·s. Ces initiatives peuvent porter sur les modes de fabrication des spectacles (voir par exemple l’expérimentation ICiMa menée avec des constructeur·trice·s de marionnettes, des chercheur·se·s et des professionnel·le·s de la santé autour du cycle de vie des matériaux du spectacle), sur la structuration des pratiques professionnelles, sur des enjeux de programmation (chartes signées par des festivals - charte des BIS ) ou encore sur les dramaturgies elles-mêmes (voir l’entretien avec Julie Sermon et Arnaud Louski-Pane, “Le théâtre à l’ère écologique”, Manip, n° 62, avril 2020).