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3 - Eco-concevoir, est-ce polluer moins ?
Oui mais pas seulement.
3 - Eco-concevoir, est-ce polluer moins ?
Oui mais pas seulement.
L'éco-conception est une approche dont un des principes de base est l’analyse multicritère. Cela implique de considérer à la fois les impacts sur les écosystèmes naturels et ceux sur la santé humaine et la biodiversité. L’enjeu de l’éco-conception est de réduire ces impacts en repensant l’artefact (l’objet-marionnette pour ce qui nous concerne) en lien avec le système dans lequel il existe (le spectacle mais aussi plus largement la société).
Pour réaliser cette analyse multicritère, il existe des outils d’analyse environnementale quantitatifs ou qualitatifs, plus ou moins experts, qui informent sur les aspects les plus critiques à retravailler (par exemple l’outil ecodesign PILOT). Ces informations éclairent la prise de décision en incluant des critères liés au contexte dans lequel on évolue. L’économie de marché est pilotée par les coûts, souvent au détriment des travailleur·se·s et des écosystèmes. Les lois et règles sociales et environnementales sont un contrepoint qui peut servir de garde-fou.
Le monde de la marionnette se distingue du milieu industriel par des motivations davantage liées à l’esthétique, à la dramaturgie ou encore à des exigences de programmation, parfois au détriment de la santé des constructeur·trice·s ou interprètes. Si ce sujet a longtemps été tabou (c’est la vieille histoire de “il faut souffrir pour son art”), il est devenu aujourd’hui un enjeu important pour le monde de la marionnette. Briser ce tabou doit passer par l’information, la formation, la création de connaissances partagées, la collaboration et le partage de bonnes pratiques.
Les pratiques actuelles intègrent déjà généralement les problématiques liées à la logistique des décors, à la maintenance des marionnettes. Mais il apparaît que les questions d’impacts environnementaux ou de santé humaine ne sont pas systématiquement traitées dès la phase de création (voir question 13 de la FAQ). Une démarche d’éco-conception aura pour finalité d’intégrer en amont du processus de création ces dimensions aujourd’hui traitées a posteriori, de manière curative. Le processus créatif devient alors une recherche d’équilibre entre ces nombreux critères selon les préférences individuelles ou collectives.
En pratique :
Pour limiter les pollutions liées aux déplacements (et maîtriser les coûts associés), on anticipe le volume de la scénographie et des objets du spectacle avant de les créer. Cela implique de penser dès la construction la démontabilité, de recourir à une conception modulaire d’éléments pouvant être réutilisés, et/ou à des objets pliables et déployables, ainsi que de choix des matériaux en fonction de leur transportabilité.
Mais de la même manière qu’il est nécessaire d’anticiper le volume de la scénographie et des objets du spectacle, il importe aussi d’inclure dans cette réflexion la logistique et le parcours de tournée : par boucle, plutôt qu’en étoile (voir les travaux du Festival d’Aix-en-Provence avec le Pôle Eco-design).
Ces nombreux critères, pris en compte dès le début du processus de création, peuvent faire évoluer la scénographie, voire devenir un sujet de recherche esthétique à part entière. (cf. chantier “Pliage et froissage structuré” de la chaire ICiMa).