Faire évoluer ses pratiques individuelles, c’est un début. Changer des habitudes professionnelles nécessite du temps d’apprentissage, d’expérimentation individuelle et/ou collective, puis du temps et de l’argent pour la diffusion et la mise en œuvre de nouvelles pratiques.

Toutefois des actions simples à mettre en œuvre peuvent avoir des effets à court terme comme la réduction des risques sur la santé (intoxications, allergies, troubles musculo-squelettiques), la satisfaction personnelle voire la réalisation d’économies par la réduction de la consommation de matière.

A moyen terme, intégrer les critères d’écoconception peut devenir une nouvelle source de créativité : elle peut permettre l’identification de nouveaux matériaux encore inexplorés, le développement de nouvelles connaissances pour la communauté et l’envie de multiplier les moments et dispositifs de partage au sein de la profession.

Par ailleurs, en considérant son activité personnelle dans un contexte plus large et collectif, les leviers pour diminuer les impacts deviennent plus importants. Si l’on examine tout le cycle de la production d’un spectacle, voire l’ensemble des acteurs de la filière marionnettique (cf. image ci-dessous) il existe des actions à mener à chaque niveau, et qui toutes ont des effets. De fait, en diversifiant les leviers d’action, les effets peuvent devenir considérables.

Les ordres de grandeurs suivant sont communément admis pour l’écoconception de produit :

• un facteur 1 pour de l’écoconception partielle (ex. changement matière, allègement de la marionnette),
• un facteur 4 pour de l’écoconception prenant en compte tout le cycle de vie du produit (marionnette, atelier et spectacle)
• et un facteur d’amélioration de l'éco-efficacité jusqu’à 50 pour une approche systémique considérant l’ensemble de la communauté marionnettique dans la société.

Pour le spectacle vivant, plusieurs chantiers de recherche-action en cours permettent de soutenir des changements sur la durée et de veiller au partage des résultats de la recherche. La question de la documentation de l’expérimentation, de la diffusion des résultats et plus largement de la mutualisation de cet effort est un enjeu important si l’on souhaite augmenter les impacts des démarches individuelles et locales et réduire le poids de l’investissement à y mettre pour les petites structures.

Exemple :

Dans le cadre de son chantier de recherche sur le Cycle de vie des matériaux du spectacle vivant, qui intègre une dimension d’éco-conception, la chaire ICiMa a co-organisé de 2016 à 2018 les “Carnets d’Orbis” avec le Jardin Parallèle (Reims). Autour de la thématique [Construire - Polluer - Créer], deux sessions d’expérimentation ont fait collaborer des ingénieurs en éco-conception, des constructeur·trice·s de marionnettes et des professionnel·le·s de la santé et de l’industrie. Le fruit de ces travaux (dont la présente FAQ) a été mis en partage avec la communauté professionnelle dans l’univers Pratiquer du Portail des Arts de la Marionnette. 

De plus, la chaire ICiMa a réalisé en 2021-2022 une enquête de terrain sur différents profils d’ateliers : collectifs ou personnels, avec ou sans salle de répétition, avec des équipements et des gestions administratives différentes… 

Cette recherche a notamment permis de mettre en évidence et en partage un certain nombre de bonnes pratiques, et des outils (livre blanc pour l’atelier idéal, plans, tutoriels, etc.) qui peuvent servir aux professionnel·le·s qui souhaitent aménager leurs pratiques et faire évoluer leurs espaces et modes de travail. Ces ressources peuvent également constituer un levier d’action politique, par exemple pour formuler des recommandations pour l’équipement des ateliers des futurs lieux labellisés Centre National de la Marionnette.